Agriculture
Le sol du Khumbu est gelé 6 mois par an, ce qui force à concentrer les travaux agricoles sur 6 mois. La culture ne porte que sur le sarrasin, la pomme de terre, les navets et quelques légumes rabougris.
Le labourage pour le sarrazin est le fait des hommes avec une charrue en bois, très légère, dont le soc est armé d’une pointe de fer. La charrue est tirée par 3 ou 4 hommes ou un couple de yacks ou de zopkio (produit du croisement entre une femelle yack et un taureau). En 1957 il n’y avait encore que 4 familles qui avaient adopté l’attelage animal. Derrière le laboureur, c’est une femme qui sème le sarrazin.
Pour la culture des pommes de terre, les champs doivent être travaillés à la houe. C’est le travail des femmes.
Du fait des hautes altitudes les familles doivent avoir des terres à diverses hauteurs pour exploiter au mieux toutes les dates de dégel du sol, d’où des va-et-vient continuels entre les différentes altitudes. Comme pour le village de Khumjung, il peut y avoir 3 semaines d’écart entre la date d’ensemencement des pommes de terre des différentes propriétés. Il en résulte que la morte saison est très réduite.
En 1836, le Khumbu comprenait 169 familles. En 1957, il en comptait 596. Il est très probable que cette augmentation considérable soit due à l’introduction de la pomme de terre. Une hypothèse sur l’introduction de la pomme de terre : elle viendrait des jardins des colons britanniques de Darjeeling. Une autre hypothèse la fait venir du jardin du résident britannique de Kathmandu.
Les paysans du Pharak et du Solu ont pu ajouter à ces cultures du blé, de l’orge d’hiver, du maïs et de la pomme de terre d’été.
Elevage
Pour les Sherpas, l’élevage de yacks est l’activité noble. L’élevage est une activité prestigieuse mais qui n’a pas permis le peuplement du Khumbu. C’est l’importance du troupeau de yacks qui donne le prestige. Mais en 1957, sur les 596 familles du Khumbu, seules 254 possédaient un troupeau de yacks. Sur les 108 familles de Kumjung, seules 17 pratiquaient l’élevage avec migration saisonnière d’un alpage à l’autre.
Pengboche, 4020m
Les Sherpas boivent peu de lait mais apprécient beaucoup le lait caillé et le beurre est utilisé comme garniture ou comme ingrédient de beaucoup de plats. Il alimente les lampes à beurre des cérémonies bouddhiques et sert à confectionner des figurines pour les offrandes rituelles. Il est aussi une monnaie d’échange avec le Tibet.
Le yack donne sa peau pour le cuir, son pelage pour des cordages et des couvertures, son sang comme remède, ses cornes comme récipients, sa bouse comme engrais et comme combustible, et son trophée sur le toit des maisons pour les protéger des mauvais esprits. C’est aussi un animal qui peut porter environ 60kg et dont les cornes peuvent être dangereuse, d’autant plus qu’il a une mauvaise vue.
Comme bouddhistes il est interdit aux Sherpas de tuer des animaux mais ils mangent la viande des bêtes accidentées ou tuées dans des combats. Des bouchers de la caste hyawo (bouchers tibétains musulmans) abattent les bêtes trop vieilles.
L’essentiel du profit qui est tiré de l’élevage vient de la vente des animaux issus du croisement des yacks tibétains avec les femelles yacks (nok). Les femelles (zhum) donnent plus de lait et les mâles (zopkio) sont plus dociles comme animaux de trait. Ils sont très demandés au Tibet et au Solu.
Dans d’autres régions d’élevage comme le Dolpo, les éleveurs en alpage vivent sous des tentes. Les éleveurs Sherpas habitent des maisons en pierre et en bois dans les pâturages d’été à 4500 ou 5000m..
Ces notes sont rédigées à partir des ouvrages suivants :
- Les Sherpas du Népal. Christoph von Fürer Haimendorf. Hachette, 1980.
- Sherpas, peuple d’Himalaya. Patrick et Christiane Weisbecker. Denoël, 1990.
- Sherpas bouddhistes. Henri Sigayret. Vajra Publications, 2006.