Le village sherpa
Il y a peu le chef-lieu du district, Okhaldunga, était à 6 jours de marche du Khumbu et la capitale, Kathmandu, à une vingtaine de jours. Le village, communauté de familles unies très souvent entre elles par des liens de parenté, a toujours été capable de promouvoir des actions collectives pour la préservation des ressources naturelles, le maintien de l’ordre public, l’organisation de manifestations sociales ou religieuses.
Les clans
Les clans sont faits de différentes lignées qui n’ont pas toutes la même importance sociale mais, qui, en général, vivent dans le même village. L’importance sociale d’une lignée dépend du rôle social qu’a joué cette lignée dans la vie du village.
Dumjee
Grande fête annuelle autour de la gompa qui a lieu quand les travaux agricoles et l’élevage laissent un certain répit aux habitants en été. Sherpa et Sherpani revêtent leurs plus beaux vêtements et bijoux.
S’y déroulent les kalak qui sont des repas pris en commun. C’est à chaque famille, à tour de rôle, d’organiser cette fête, qui coûte très cher. L’organisateur de la fête est le lawa.
Les Nauas
Deux Naua dans chaque village veillent à une bonne répartition des terres entre agriculture et élevage. Ces deux Naua sont désignés dans une réunion des 3 ou 4 personnages importants du village et ils organisent la cérémonie du Osho qui consiste en une procession qui fait le tour des terres arables du village pour établir une limite magique que les mauvais esprits ne pourront franchir. La décision de l’assemblée qui désigne les Nauas n’est jamais contestée. Que les Naua soient proches de ceux qui les désignent est incontestable et incontesté. Les Khambas sont rarement Naua.
Les Naua convoquent une réunion, yül-thim, pour décider de la distance à laquelle les troupeaux doivent se tenir des cultures et du montant des amendes pour les infractions. Se décide aussi la date au-delà de laquelle les troupeaux sont exclus du village. Les Naua règlent encore de multiples questions relatives aux cultures et à l’élevage. La charge de Naua ne rapporte aucun bénéfice, si ce n’est le prestige.
Les Shingos Nauas
Ce sont les hommes désignés pour veiller à la protection des forêts. Les nauas ont un mandat d’une année. Le mandat des Shingos Nauas peut aller jusqu’à 12 années. Comme les Nauas les Shingos Nauas viennent des vieilles familles sherpas. Il est possible qu’une même personne cumule les deux fonctions.
Ils surveillent les zones interdites de coupe et peuvent même inspecter les réserves de bois des familles pour juger de leur importance. Le paiement des amendes a lieu chaque année, après la fête d’Osho. Pour les infractions mineures le coupable peut être pardonné par le don de bière pour l’assemblée. La bière aidant, cette assemblée-tribunal se termine très joyeusement. Une partie des amendes recueillies peut même servir à payer une collation pour l’assemblée.
Il est à noter que, quand le pouvoir central a repris aux villages la gestion des forêts, le développement du tourisme a provoqué une déforestation importante du Khumbu.
Chorumba
Le chorumba est le responsable laïque de l’entretien de la gompa et de la discipline lors des célébrations. Dans l’exercice de ses fonctions il peut infliger des amendes ou des coups de fouet dont nul ne peut se plaindre. Cette fonction ne donne lieu à aucune rémunération.
Le chorpen est le gardien des objets rituels de la gompa.
Lawa
Est lawa toute personne chargée des préparatifs d’une cérémonie publique. Pour les fêtes mineures, les Lawas n’ont pas à fournir la nourriture ; leur charge est de faire le tour des habitations pour recueillir les contributions. Un roulement des fonctions de Lawa permet de répartir les tâches entre tous les villageois.
Pembu
Les Pembus étaient les collecteurs d’impôt foncier. Ils étaient huit pour le Solu-Khumbu. Ils devaient une fois par an apporter au district les sommes collectées. Avec le fédéralisme, la collecte des impôts a certainement changé.
La fonction apportait des avantages qui pouvaient être abusifs. Le Pembu pouvait bénéficier, de la part de ses « clients », de journées de travail gratuites. Il pouvait disposer des biens d’un Sherpa mort sans héritier et les donner à la personne de son choix moyennant une rétribution.
Certains Pembus avaient tendance à se considérer comme les chefs de village et à aller contre les décisions des notables du village ou du Naua. Les Penbus avaient le pouvoir de purifier les personnes devenues impures pour avoir bu involontairement dans le même gobelet qu’un Khamendeu.
Sources
Ces notes sont rédigées à partir des ouvrages suivants :
- Les Sherpas du Népal. Christoph von Fürer Haimendorf. Hachette, 1980.
- Sherpas, peuple d’Himalaya. Patrick et Christiane Weisbecker. Denoël, 1990.
- Sherpas bouddhistes. Henri Sigayret. Vajra Publications, 2006.